Un un article de Mashable recensant les manifestations et autres mouvements de foule sur les réseaux sociaux a attiré mon attention cette semaine. Depuis la fameuse affaire Digg, je ne peux m’empêcher de penser que cet épisode marque le début de quelque chose. Digg, Facebook, Second Life et il y a peu Live Journal : tous ces sites ont dû gérer le mécontentement soudain d’une partie de leurs utilisateurs. C’est très instructif car les communautés se sont mobilisées pour défendre ce qu’elles pensaient être la façon légitime de conduire leur propre développement. Ceci m’a fait instantanément penser à une lecture passée, celle de la critique par Herbert Marcuse du concept de rationalité technique de Max Weber :
« Ce n’est pas après coup seulement, et de l’extérieur, que sont imposés à la technique certaines finalités et certains intérêts appartenant en propre à la domination – ces finalités et ces intérêts entrent déjà dans la constitution de l’appareil technique lui-même. La technique, c’est d’emblée tout un projet socio-historique : en elle se projette ce qu’une société et les intérêts qui la dominent intentionnent de faire des hommes et des choses. Cette finalité de la domination lui est consubstantielle et appartient dans cette mesure à la forme même de la raison technique. »
MARCUSE Herbert « Industrialisieurung und Kapitalismus im Werk Max Webers », in Kultur und Gesellschaft, Vol II, Francfort-sur-le-Main, 1965
Avec ces couleurs acidulées et ses typo arrondies, le web 2.0 se veut inoffensif, utile. Il l’est parfois (on ne me privera pas de Netvibes !). Ces premiers cas nous rappellent qu’il n’est pas différent des autres objets techniques et plus fragile encore, car les utilisateurs sont aussi la main d’oeuvre qui alimentent la machine et renforcent son capital économique, social et symbolique.
Je pense que ces mouvements sont les prémices d’autres actions à venir, moins spontanées et peut être moins bien intentionnées, qui précipiteront le web 2.0 dans l’âge adulte.