Plusieursblogs rapportent qu’EMI négocierait avec les principaux distributeurs numériques l’autorisation de vente d’une partie importante de son catalogue sans DRM. Autant dire que les 3 autres majors emboîteront le pas très rapidement vu la pression à laquelle ils sont déjà soumis. Reconnaissons à Steve Jobs d’avoir fait accélérer le mouvement. Il a su transformer un banal retournage de veste en intervention décisive pour l’abandon des DRM, chapeau bas ! La perspective d’EMI vendant son catalogue via Snocap sur MySpace est assez excitante également, mais je ne pense pas que cela pourra se faire prochainement. Le service est encore en phase de test et je ne pense pas qu’une des 3 parties veuille s’engager sans que le dispositif soit pleinement opérationnel. Après l’annonce du partenariat entre Warner et Last.fm, les majors semblent prendre un peu plus au sérieux les désirs des consommateurs.
Tout cela fait pas mal de suppositions pour un vendredi soir… Attendons qu’EMI commente ces rumeurs.
Steve Jobs a publié une tribune sur les DRM le 6 février dernier sur le site d’Apple. Souvent attaqué à cause de son DRM Fairplay, empêchant de lire les morceaux achetés sur iTunes Music Store ailleurs que sur un iPod, le fondateur d’Apple répond à un moment qui ne doit rien au hasard. Depuis quelques mois, des nombreuses expériences de vente de MP3 sans DRM sont tentées, et des labels de plus en plus gros (V2 sur Airtist) embrassent pragmatiquement la lutte contre les verrous numériques. Cette intervention a lieu également quelques jours après un MIDEM dont les vedettes furent Chris Anderson et Jacques Attali. Dans ce contexte, le billet de Steve Jobs arrive à point.
Il justifie l’utilisation des DRM lors de l’accord initial avec les majors et expose 3 voies pour le futur :
1- Le status quo. Les grands constructeurs continuent à rendre leur matériels étanches aux contenus vendus par la concurrence. Jobs argue qu’en moyenne seuls 3% des titres contenus sur un iPod comportent un DRM Fairplay, le reste étant du MP3.
2- Apple licencie la technologie Fairplay à tous les vendeurs du marché. Apple s’y refuse pour des raisons de sécurité. Vous lirez les explications de Steve Jobs qui sont loin de me convaincre.
3- Tout le monde abandonne les DRM. Nous y voilà ! 90% de la musique étant vendue sans DRM, quels bénéfices y a t-il à vendre 10% avec des DRM, surtout lorsque l’on tient compte des frais engendrés par ceux-ci ? Voilà l’objet de ce papier : mettre la pression sur les majors qui ne se sont pas encore exprimées sur le sujet, alors que le vent semble tourner. Les big 4 endossent une fois de plus le costume, un peu grand, de gros méchant. On espérait de Steve Jobs un discours un peu plus visionnaire (Apple will save us!). Il se montre attentiste alors qu’il a réussit à imposer un modèle de vente au titre auquel s’opposaient les majors.
Pour ma part je ne serais pas étonné que les 3 options proposées par Steve Jobs soient successivement tentées, avec l’issue inéluctable que l’on connaît.
Je n’ai pas eu l’occasion de revenir sur un certain nombre d’annonces faites récemment. A l’instar de glorieux ainés, à mon tour de donner dans le ‘en vrac’ :
1- L’accord entre Dailymotion et la SPPF prévoit un partage des revenus publicitaires générés par les vidéos mises à disposition sur le site. Dailymotion se protège ainsi de poursuites judiciaires sans s’engager sur des reversements calculés sur son chiffre d’affaire global, mais uniquement sur les revenus réellement générés par ces vidéos. Pour les producteurs, difficile de dire ce que va représenter ces revenus qui ne devraient pas être conséquents (mais mieux vaut peu de revenus que pas du tout me direz-vous).
Pour le consommateur éclairé, c’est l’assurance de pouvoir visionner sur Dailymotion les clips des adhérents de la SPPF. Génial, mais vous pouvez m’en citer beaucoup des adhérents de la SPPF ? Loin de moi l’idée de critiquer cette société civile au catalogue fort alléchant, mais à part quelques milliers de personnes travaillant dans la musique, personne ne sait quels artistes sont concernés et je ne crois pas que cet accord seul permettra de positionner Dailymotion comme site de référence pour les vidéos musicales.
Plus cyniquement, je ne suis pas vraiment convaincu que cet accord serve à quelque chose pour les adhérents de la SPPF. Ils se trouvent dans la quasi obligation de publier leurs contenus sur toutes les plateformes disponibles dans un soucis de visibilité, mais surtout pour pouvoir négocier partenariats et mises en avant éditoriales avec chaque service. Les négociations ne font que commencer, et cet accord servira de base à d’autres négociations.
Michael Arrington lit t-il Fine Tuning ? J’en doute ! Toujours est-il qu’à son tour il pointe l’impasse dans laquelle se trouvent les solutions de vente ‘tout DRM’. Nous avions évoqué des signes dans ce sens il y a quelque jours. Il est évident que des changements importants sont à attendre cette année. Peut être que ce genre de débat animera un peu les débats du prochain MIDEM ?
Cela fait quelques semaines qu’une tendance se dessine sur le marché de la distribution numérique. Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises fin 2006. Il s’agit de la vente de musique sans DRM.
Reuters fait le point sur la distribution numérique et cite deux indicateurs allant dans le sens d’une atténuation des revenus liés aux ventes en ligne.
– Mike McGuire, analyste chez Gartner, indique que le marché des sonneries pour téléphones mobiles va arriver à maturité au cours des prochains 12 à 18 mois, et s’infléchir. Or les sonneries constituent une grande part des ventes numériques actuellement.
– Limewire, célèbre compagnie de P2P, a quant à elle engagé Ted Cohen (ancien VP en charge du numérique chez EMI) pour convaincre les majors de tester pendant 6 mois une offre de partage des revenus liés à la vente de morceaux sans DRM.
En ces temps de prévisions pour 2007, un peu partout dans la blogosphère, hasardons nous donc à proclamer avec aplomb la mort des DRM cette année. Les faibles ventes du Zune, le lecteur ‘tout DRM’ de Microsoft avec ses solutions maison de partage des revenus, semblent indiquer qu’il est grand temps de restaurer la confiance entre la filière musicale et le consommateur. L’abandon des DRM peu être le déclic que le internautes attendent. Les solutions proposées par MySpace/Snocap ou Amie Street nous donneront des indicateurs bien avant 2008.
Voici un bel effet d’annonce. Jean-Noël Reinhart (PDG de Virgin Stores) déclare au Figaro que “L’avenir pourrait être un marché du téléchargement de musique mais sans système de protection (DRM)”. Cela peut paraitre anecdotique, mais une telle prise de position de la part d’un acteur important du secteur est significative.
Le marché du téléchargement se met enfin en place et la concurrence est acharnée en plateformes, aggrégateurs et autres prétendants à une part du gateau de la musique numérique.
La multiplication des sites de vente sans DRM est un signal fort pour les plateformes des grands portails ou GSS qui doivent craindre de se couper d’une partie de consommateurs pourtant prêts à délier les cordons de leur bourse pour acheter de la musique numérique. Bleep, eMusic, Airtist et autres peuvent encore dormir sur leur 2 oreilles et continuer leur développement en attendant le moment où la filière du disque cessera de considérer ses clients avec mépris en leur vendant des produits défecteux. Quant à VirginMega, espèrons qu’ils réussiront à imposer leurs nouvelles vues. Mais la sortie prochaine du balladeur Zune de Microsoft n’est pas très réjouissante pour les défenseurs de l’interopérabilité et de la supression des DRM.